Sauvez-nous chers parents !

Article : Sauvez-nous chers parents !
Crédit: Julia Volk Pexels
02/03/2023

Sauvez-nous chers parents !

Messieurs et mesdames , pardonnez mon audace ! Je prends ma plume pour dire des choses qui peut-être dépassent mon âge. Avec ces mots que j’aiguise comme des armes, je désire combattre certains maux afin de libérer nos âmes. Enfant je suis, j’ai assez longtemps observé sans pouvoir réagir. Mais aujourd’hui, j’en ai marre. J’en ai marre parce qu’en temps de crise, le silence est un crime. C’est impossible pour moi de me taire alors que tout va mal pour les enfants que nous sommes. Ce faisant, je serai coupable des malheurs que nous vivons.

Des droits, pas seulement des devoirs

Chez nous, tout porte à croire que les enfants n’ont que des devoirs. Or, selon l’UNICEF, nous avons bien des droits mondialement reconnus. Des droits qui, hélas, sont méconnus par certains parents. Des droits que d’autres préfèrent ignorer, violer et à l’arrivée, les enfants sont violentés, maltraités, abandonnés, kidnappés … Et depuis, des milliers d’enfants souffrent le martyr en silence ! Dans ce cas, dites-moi alors ! Dois-je, dans ce cas, me taire parce que je suis une fille ? Dites-moi si je dois fermer les yeux sur ces horreurs qui empêchent nos bonheurs, juste pour faire plaisir à ceux qui font nos malheurs ? Et encore pendant combien de temps ? J’en ai marre et pour ça, je dois parler ! Peu importe qui je blesse ou qui j’agresse, mais je dois parler ! Alors, j’implore votre indulgence et je vous demande de m’écouter !

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Je sais que je suis sans défense. Pour cette offense, je sais aussi que je serai jugée. A la fin de mon intervention, je sais que vous allez me condamner pour outrage à la cour pour avoir dit haut ce que mes semblables pensent bas. Mais, je suis la voix des autres voix qui n’ont point de voix. Et avant de me blâmer, veuillez écouter ma plaidoirie !

Ces droits ne sont rien que des mots

Selon la Convention Internationale des Droits des Enfants, nous avons bien dix importants droits ! Nous avons le droit d’être protégés contre toute forme de discrimination en raison de notre race, de notre religion, de notre origine ou de notre sexe, le droit d’avoir un nom et une nationalité, le droit à une alimentation suffisante et saine, le droit d’être soignés et de bénéficier de soins et de traitement adaptés à notre âge, le droit à l’éducation, le droit d’être nourris, logés et de grandir dans de bonnes conditions, le droit de jouer, de rire, de rêver, le droit d’accéder à l’information, d’exprimer notre avis et d’être entendus, le droit d’être protégés de la violence et de l’exploitation ; et même pour tous les enfants réfugiés ou handicapés, qui ont également le droit à une protection spéciale. Mais force est de constater qu’en dépit des congrès et autres sensibilisations faits ici et là, ces droits ne sont rien que des mots.

Des mots alignés qui n’ont de sens que dans les pays des pères fondateurs. Des mots ignorés comme on bafoue nos droits. Des mots impuissants contre ces maux qui nous ruinent, nous nuisent et qui nous détruisent. Et j’ai tellement la rage quand on confond les enfants vivant en ville à ceux qui souffrent dans nos campagnes. Chez nous, il y a les enfants des dieux et les autres. Les enfants de riches et ceux des pauvres. Les enfants des dirigeants et ceux des employés. Vous le savez bien et pourtant, vous dites sous tous les cieux nous sommes égaux ! Si seulement l’injustice tue les injustes !

Les enfants des dieux… et les autres

Messieurs et mesdames, chers parents, têtes couronnées, responsables religieux, ce message est bien à vous ! Ignorez ma petite personne et écoutez bien ma plainte ! Nous autres, enfants de personne, avons vraiment mal. Et si les textes existent, il faudra les mettre en pratique. Nous avons tous ces droits et pourtant, nous souffrons. A l’école, la discrimination sociale, ethnique et religieuse prend de l’ampleur. L’école est-elle vraiment laïque ? Ça dépend de qui le dit ! Dans notre propre pays, on nous traite comme des étrangers.

A l’école comme à la maison, nous mangeons et même rarement ce qu’on trouve et non ce qu’on veut. Quand on est malades, c’est « sois fort, au nom de Jésus, tu seras guérie ». Aucun soin adéquat et adapté ! A la limite, on nous saoule avec des produits médicamenteux de provenance douteuse. Pire, l’instruction dans les villages est une denrée rare. Contrairement à la déscolarisation dont le taux tous les ans inquiète les organismes internationaux. Les grossesses précoces se multiplient et le mariage des enfants est devenu une norme. Nos conditions de vie et de travail laissent vraiment à désirer. Dans ce cas, comment pouvons nous connaître une croissance normale ? Nous n’avons même pas le droit de nous amuser, de rire, de sourire, de passer d’agréables moments avec nos semblables.

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Et dans ces conditions, comment pouvons-nous être heureux ? La curiosité chez nous est un délit. Et le droit à l’information un sacrilège. Tout est tabou et le plus curieux est jugé de pervers ou de petit voyou. Penser et exprimer nos avis ? Quel crime de lèse-majesté ! On nous punit sévèrement et nous exploite vulgairement. On nous maltraite, nous malmène et si par malheur, un handicap psychique, physique ou physiologique survenait, nous sommes abandonnés à notre triste sort. Voilà ce que nous vivons, en tant qu’enfants, vous voulez que je me taise !

« Tout enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne »

Vous vivez dans les grandes villes avec vos enfants ! Vous pensez que cela ne vous concerne pas parce que vous représentez l’élite de ce pays. Vos enfants sont heureux, scolarisés, mangent à leur faim et s’épanouissement bien. Nous autres, nous souffrons au quotidien et luttons vivement contre la faim et les maladies du moment. Témoins de nos malheurs, vous décidez d’en être myopes et indifférents ! Autour de vous, certains enfants abandonnent les bancs et se livrent à la rue. De mésaventure en mésaventure, ils deviennent des criminels et finissent peut-être en prison. Autour de vous, des enfants meurent, faute de médicaments. Vous êtes au courant mais vous ne réagissez pas. Pour l’amour du ciel, il faut que ça change !

J’ai été peut-être très virulente dans mon apologie, mais recevez ma plaidoirie ! A genoux, je viens implorer votre clémence, votre sagesse et votre bénédiction. Si par le passé, vous avez péché contre nous, repentez-vous ! La rédemption, c’est maintenant ! C’est maintenant et non demain ! Victor Hugo n’a-t-il pas raison lorsqu’il disait que « tout enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne » ? Alors, si vous tenez vraiment à nous à l’avenir, c’est maintenant que vous devez jouer votre rôle. Si vous devez mériter quelque chose de nous demain, c’est maintenant que vous devez mettre en terre les bonnes semences. Notre avenir dépend bien de vous ! De vous et de votre bonne volonté. Vous ne pouvez plus rester en marge des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Mettez dans la danse et à défaut d’œuvrer pour la réalisation de tous les 17 ODD, commencez par prendre connaissance de ceux qui nous concernent et qui ciblent nos droits.

Messieurs et mesdames, chers parents, la solution est dans l’accomplissement de ces Objectifs du Développement durable. En tant qu’enfants, nous savons que les temps sont durs. Nous reconnaissons et comprenons vos efforts au quotidien. Mais, encore une fois, je vous en supplie, ne nous privez plus de nos droits. Faites le nécessaire au moins avec les cinq les plus fondamentaux tels que le droit à l’identité, le droit à la santé, le droit à l’éducation, le droit à la protection et le droit à la participation. Nous sommes fatigués d’être chosifiés. Il est temps de nous considérer comme des sujets. Il ne suffit plus de la ratification de la convention de nos droits. Non ! Il s’agit dorénavant de faire voter au niveau national des lois permettant de les respecter. Et que vous le veuillez ou non, nous sommes l’avenir de ce pays. Son développement dépend aussi de nous, de notre éducation, de notre savoir-faire, de notre bien-être et tout cela n’est possible que si nous sommes considérés depuis notre enfance. Nous ne voulons pas finir dans les rues, aidez-nous à éviter les actes de vandalisme. Les enfants maltraités, malnutris, et abandonnés, il faut qu’on en finisse ! Les filles violentées, humiliées et violées, il faut que ça s’arrête ! Le mariage des ados, le travail des mineurs, le trafic des gamins, il faut y mettre fin ! Et si à présent, vous tenez toujours à ma culpabilité, arrêtez-moi ! Mais je vous en supplie : il faut désormais respecter nos droits ! Merci de votre écoute !

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